Un des principaux biais psychologiques des investisseurs, et qui leur coûte des fortunes, est d’investir sur les secteurs/zones géographiques qui ont été les plus performants.
Nous avons tous en nous ce que Hans Rosling décrit dans son livre génial, Factfulness (que je vous recommande), l’instinct de la ligne droite.
Cet instinct (un biais psychologique) nous pousse à croire que ce qui a fortement monté dans le passé, va continuer d’aller dans la même direction, et sur le même rythme.
Quelques exemples :
- La population mondiale va continuer d’augmenter au 21ème siècle sur le même rythme que lors du 20ème siècle. En fait, le nombre d’enfants sur terre est stable depuis 2000, ce qui augure un net ralentissement de la démographie, voir une stabilisation future de la population mondiale.
- Fin 2017, de nombreux spéculateurs en crypto-monnaies ont cru pouvoir devenir riche facilement en pariant sur le Bitcoin. La courbe était nettement haussière depuis plus d’un an, ça ne pouvait que continuer. Eh bien non. Un an plus tard, la valeur du bitcoin s’est retrouvée divisée par 5.
Notre instinct nous pousse à croire que ce qui monte va continuer dans la même direction, en ligne droite.
Mais Hans Rosling démontre dans son livre que la plupart des phénomènes quantifiables ne montent jamais en ligne droite : la plupart des évolutions ont des formes exponentielles, en asymptotes ou sinusoïdales.
Les cours de la bourse ont une évolution sinusoïdale (même si la tendance générale est haussière). C’est lié au fait que l’économie est cyclique.
Autrement dit, ce qui a fortement progressé « hier », a très peu de chance de continuer sur le même rythme au cours des prochaines années.
Et souvent, les gagnants d’hier sont de mauvais paris pour l’avenir, ce sont souvent les perdants de demain.
C’est ce que nous montrent les meilleurs investissements par décennie :
- Années 80 : les actions japonaises (indice Nikkei 225) ont progressé de 500%. Mais durant la décennie 1990-2000, elles ont chuté de 51%.
- Années 90 : les actions technologiques américaines (indice Nasdaq) ont progressé de 800%. Mais durant la décennie 2000-2010, elles ont chuté de 44%.
- Années 2000 : les actions des pays émergents ont progressé de 150% (personne n’a fait mieux dans cette décennie). Mais durant les 10 dernières années, les marchés émergents ont stagné (et tout le monde ou presque a fait bien mieux).
On peut remonter encore plus loin pour observer les meilleurs investissements de chaque décennie : les marchés émergents (à nouveau) dans les années 70, les actions indiennes dans les années 60, les actions européennes dans les années 50.
Le constat est le même : tous les grands vainqueurs d’une décennie se sont révélé être de piètres investissements la décennie suivante.
Si vous aviez toujours investi sur les meilleurs investissements de la décennie précédente au cours de 70 dernières années, vous n’auriez jamais gagné d’argent.
Ainsi, le gagnant de la décennie 2010-2020 a donc du souci à se faire.
Mais de qui parle-t-on exactement ? Des grandes entreprises américaines, qui ont été l’investissement le plus performant de la dernière décennie (+250%). Mais aussi des obligations, qui ont fortement progressé (+140% pour les obligations à long terme).
Cela donne à réfléchir pour la décennie que nous venons d’entamer. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut absolument arrêter d’investir aux États-Unis, ni dans des obligations.
Personne n’a de boule de cristal. Le meilleur choix à faire lorsqu’on investit, c’est justement de ne pas faire un choix en particulier.
Autrement dit, être suffisamment diversifié pour être paré à tout, quoiqu’il arrive.