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Que faut-il penser des produits dérivés ?

    Que faut-il penser des produits dérivés ?

    C’est un sujet qui revient régulièrement à la table de l’investissement : si les produits dérivés occupent la scène, le plus souvent, ce n’est pas la scène la plus lumineuse.

    Ils apparaissent souvent un peu à droite à gauche dans des encarts publicitaires, promettant monts et merveilles.

    CFD, options, futures, tout un jargon qui est associé à un produit auquel on ne comprend pas grand-chose, et à une promesse de gains faciles.

    Mais la forte poussée publicitaire qui cible les dérivés occulte un peu leur fonctionnement. À l’origine, un produit dérivé, c’est simplement un dérivé d’un actif traditionnel (une action, un indice…).

    Le produit dérivé permet à la base de se couvrir contre des variations de prix. Il peut être très utile pour un producteur céréalier par exemple, en lui garantissant un prix sans surprises, à l’avance. Les produits dérivés peuvent donc jouer un rôle contre l’incertitude liée aux variations de prix de certaines denrées, très sensibles aux aléas climatiques, mais aussi à l’offre et à la demande.

    Cependant, les produits dérivés ont totalement envahi le monde de la finance, avec un double problème en perspective.

    Initialement créés pour se couvrir, ils permettent aussi de spéculer, et de parier sur les variations de prix de certains actifs, en appliquant un effet de levier, et parfois même sans avoir la somme requise sur son compte (soyons fous).

    Le problème, c’est qu’il est impossible de savoir qui utilise les produits dérivés pour se couvrir, et qui s’en sert pour spéculer (et qui en détournent un peu l’usage).

    Le deuxième problème, c’est que le marché des produits dérivés (dont une partie prend place en dehors des places financières et n’est donc pas régulé – le fameux shadow banking) pèse entre 6 et 10 fois plus (selon les sources) que le PIB mondial.

    La conséquence est simple : on a affaire à un marché qui n’a aucune valeur intrinsèque, et qui pèse néanmoins plus lourd que tous les actifs qui ont une valeur réelle.

    Imaginez des parieurs qui parient sur l’évolution du cours d’une entreprise, et que la somme des paris est 10x supérieure à la valeur de l’entreprise en question. Vous penserez peut-être comme moi, qu’il y a bien un problème quelque part (et que les parieurs feraient mieux d’investir dans l’entreprise plutôt que de parier dessus comme sur un cheval de course).

    Les produits dérivés ne sont pourtant pas le mal absolu que certains décrivent. Ils sont utiles pour certains producteurs (et certains acheteurs qui veulent acheter une marchandise à prix fixe plusieurs mois à l’avance).

    Ils sont aussi utiles pour les grands fonds d’investissement. Certains sont tellement gros qu’entrer/sortir sur une position peut prendre jusqu’à plusieurs mois. Ces mastodontes ont alors un point faible, celui d’être très lents pour agir. Les produits dérivés peuvent donc leur permettre de couvrir certaines positions rapidement, en cas de mauvaise surprise.

    En revanche, pour les particuliers, je préfère le dire clairement : les produits dérivés sont inutiles, voire dangereux.

    Inutiles, parce que vous pouvez construire une stratégie très équilibrée sans avoir besoin d’une protection extérieure supplémentaire (qui a en plus un coût).

    Dangereux, car ils sont à effet de levier, et parce qu’ils poussent à spéculer sur des actifs qu’on n’a même pas besoin de détenir.

    Ils ont ainsi tendance à faire entrer les investisseurs dans un grand casino virtuel excitant (et au casino, c’est toujours la maison qui gagne…), et à détourner les investisseurs de leur stratégie, et des questions fondamentales qu’ils devraient se poser : « Quel actif devrais-je détenir ? Quelle est sa valeur ? Comment peut-il s’imbriquer dans ma stratégie globale ? »

    Bref, pour l’investisseur individuel (vous et moi) les produits dérivés sont en quelque sorte une porte d’entrée vers du grand n’importe quoi.

    La meilleure chose à faire est probablement de les écarter d’entrée, pour se concentrer sur du concret, et sur des actifs tangibles.