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Pourquoi personne ne peut comprendre les intérêts composés

    Pourquoi personne ne peut comprendre les intérêts composés

    Quelle différence y a-t-il entre un taux à 5 % et un taux à 10 % ? La réponse vous permettra-t-elle de comprendre enfin les intérêts composés ?

    Sur un an, la différence est assez peu notable. Si vous investissez 2 000 €, un an plus tard, vous aurez obtenu 2 100 € dans un cas, ou bien 2 200 € dans l’autre. 100 euros de plus ou de moins sur une année entière, cela ne fera pas une grande différence dans votre vie.

    Mais en l’espace de 30 ans, la différence devient gargantuesque. Continuer à investir 2 000 € par an pendant 30 ans, permettent d’obtenir 141 500 € avec un rendement de 5 %. Mais avec un rendement de 10 %, la somme obtenue est de 363 900 €. Soit bien plus du double, avec près de 220 000 € d’écart. On ne parle plus de 100 € de différence.

    Et c’est là que notre cerveau a du mal à comprendre ce que produisent les intérêts composés. Une différence de 100 € à la fin de l’année devrait nécessairement conduire à une différence de 3 000 €, 30 ans plus tard (100 x 30). Comment aboutit-on à 220 000 € de différence ?

    Note cerveau a tendance à raisonner de manière linéaire. Il est capable de comprendre instinctivement tout phénomène ayant une évolution régulière. Par exemple, si j’économise 200 € par mois, j’aurai économisé 2 400 € à la fin de l’année. Facile.

    Mais il est totalement perdu lorsqu’il s’agit d’appréhender un phénomène exponentiel. Or, les intérêts composés permettent de prendre de plus en plus de vitesse. Chaque année, les intérêts gagnés s’ajoutent au capital et se mettent à leur tour à générer des intérêts. C’est pour cela que les simulations d’investissement forment une courbe exponentielle, qui s’accélère avec le temps.

    Le fonctionnement exponentiel des intérêts composés explique pourquoi Warren Buffett a accumulé 99,6 % de sa fortune (qui a récemment dépassé les 100 milliards) après ses 50 ans. Cela veut-il dire qu’il n’a quasiment rien fait avant ses 50 ans ? Eh bien non, puisque ayant commencé à investir à 10 ans, cela faisait déjà 40 ans qu’il investissait. Sachant qu’il en a aujourd’hui 91, il a donc passé autant de temps à investir avant ses 50 ans qu’après (ce qui fait deux belles périodes de 40 ans pour le bougre !).

    Warren Buffett a donc amassé 0,4 % de sa fortune actuelle pendant ses 40 premières années d’investisseur, et les 99,6 % restant durant les 40 dernières années. Cette bizarrerie reste difficile à se représenter mentalement !

    En plus, sa longévité d’investisseur fait que temps qu’il reste en vie, il est mathématiquement irrattrapable par les autres investisseurs. Car même en arrêtant d’investir de l’argent frais et en se contentant de laisser fructifier son patrimoine investi, il restera loin devant tout le monde.

    Certes, il a été dépassé par des entrepreneurs ayant créé des boites qui impactent la planète entière (Jeff Bezos, Elon Musk, Bernard Arnauld…). Mais il restera l’investisseur pur (dans le sens où il n’a pas créé d’entreprise, il investit simplement dans celles des autres, avec Berkshire, sa holding) le plus riche du monde pendant encore longtemps.

    Même un Jim Simons, qui a pourtant obtenu un taux de croissance bien plus important que Buffett, ne le rattrapera jamais de son vivant, car il a commencé bien plus tard (Jim Simons a créé sa société d’investissement vers ses 50 ans).

    C’est pour cela qu’on voit partout qu’il faut commencer à investir le plus tôt possible. Car quelqu’un qui prend de l’avance est souvent irrattrapable pour un investisseur qui aurait commencé avec plusieurs années de retard.

    Voici un exemple concret : Jack a investi 200 $ (on passe en $, mais ça ne change rien à l’exemple) par mois pendant 10 ans, de 25 à 35 ans, qu’il a fait fructifier à hauteur de 7 %. Puis, il a arrêté d’investir, se contentant de laisser vivre son investissement. Il a donc placé 24 000 $ en tout.

    Les intérêts composés : l'importance de commencer tôt

    De son côté, Jill investit aussi 200 $ par mois à 7 %, sauf qu’elle a commencé à investir avec 10 ans de retard sur Jack, à 35 ans seulement. Néanmoins, elle ne s’est ensuite jamais arrêtée d’investir jusqu’à ses 65 ans. Elle a donc placé 72 000 $ en tout.

    Malgré un effort d’épargne 3 fois supérieur à celui de Jack, elle atteint ses 65 ans avec un capital de 245 000 $, tandis que le capital du premier atteint presque les 300 000 $. Et on peut imaginer que les 200 $ que Jack a décidé de consacrer à autre chose que l’investissement à partir de ses 35 ans, ont pu lui payer quelques loisirs supplémentaires !

    Moins d’effort, plus de loisirs, mais 10 ans d’écart. 10 années qui suffisent à expliquer que 24 000 $ puissent se transformer en près de 300 000 $, quand 72 000 $ ne deviennent même pas 250 000 $.

    Là encore, notre cerveau bute à se représenter le pourquoi du comment. Et pourtant, les chiffres sont bien réels. En passant, si Jack avait conservé le même sérieux que Jill, en continuant d’investir jusqu’à ses 65 ans, il aurait accumulé environ 530 000 $.

    En vérité, notre cerveau n’est pas câblé pour comprendre les intérêts composés. C’est pour cette raison que les investisseurs qui finissent les plus riches sont soit des passionnés de l’investissement, comme Buffett, soit des gens qui ont oublié qu’ils avaient un compte ouvert quelque part, sur lequel ils ont fait des versements réguliers, et qui ont vécu suffisamment longtemps pour laisser les intérêts composés produire leur effet déconcertant.

    À méditer ! Mais être le plus riche, ça ne sert pas à grand-chose. En revanche, faire grossir votre capital au fil du temps vous offrira de plus en plus de possibilités, pour mener une vie plus libre, et plus riche.