Les ETF thématiques ont de plus en plus d’adeptes parmi les investisseurs, et ils reçoivent actuellement bien plus de flux d’investissement que les secteurs traditionnels, comme la consommation, la finance, ou encore la technologie.
L’investissement thématique porte la promesse de pouvoir s’exposer à la croissance d’entreprises novatrices et disruptives, qui se développent plus vite que le reste de l’économie.
Contrairement à un ETF thématique, un ETF géographique contient l’ensemble de tous les secteurs à l’intérieur d’une zone géographique. En revanche, un ETF thématique va se concentrer sur un secteur en particulier sans se préoccuper des limites géographiques.
Il est donc possible d’investir dans des thématiques en croissance qui se portent très bien tandis que d’autres sont à la peine.
Ainsi, les thématiques peuvent évoluer selon des cycles qui leur sont propres, et avoir des performances très différentes par périodes.
Comme les ETF thématique sont peu diversifiés, ils sont beaucoup plus volatils que les grands indices géographiques, et pourront tantôt surperformer le marché, tantôt le sous-performer. Les ETF thématiques sont donc un peu à double tranchant.
On pourrait néanmoins se dire qu’en se concentrant sur les thématiques d’avenir, et en évitant celles qui sont en berne ou peu innovantes, on devrait pouvoir capter la croissance des mégatendances. Mais ce type de raisonnement peut conduire à de mauvaises surprises.
Investir trop tôt : l’exemple des énergies nouvelles
Si on prend comme exemple les énergies renouvelables, qui sont en plein boom aujourd’hui, il y a 15 ou 20 ans, il s’agissait déjà d’un thème prometteur. Si vous aviez investi à ce moment-là dans un tracker sur les énergies nouvelles en 2007, vous vous seriez retrouvé avec une très longue période de sous-performance, voir même toujours en territoire négatif 15 ans plus tard, selon l’ETF considéré.
Comme on peut le voir avec ces deux ETF, ce n’est que vers 2012 que le marché a commencé à reconnaître le potentiel de la thématique des énergies nouvelles. Leur performance s’est alors mise à fluctuer autour du MSCI World, l’indice représentatif de l’ensemble des marchés des pays développés.
On peut d’ailleurs observer les excès d’enthousiasme du marché, qui a conduit à une bulle sur les nouvelles énergies en 2020, qui apparait de manière plus prononcée pour l’ETF iShares Clean Energy que pour le Lyxor New Energy. Mais l’enthousiasme est retombé en 2021, et la thématique des énergies propres semble maintenant être rentrée dans le rang.
Effets de mode et maturité économique
Plusieurs raisons peuvent expliquer que les cours d’une thématique prometteuse stagnent ou baissent, alors que le reste du marché est en croissance :
- Les entreprises de cette thématique ne sont pas encore matures, pas encore assez structurées, leur résultat net et leur chiffre d’affaires peut être encore trop faible ou négatif.
- Les entreprises sont matures, mais le marché ne reconnaît pas encore leur potentiel et leur valeur, car les investisseurs ne s’y intéressent pas encore, d’autres secteurs ou thématiques pouvant alors être plus à la mode.
Si vous vous rendez compte que la thématique à très fort potentiel dans lequel vous envisagez d’investir a tendance à sous-performer le marché boursier de manière significative, c’est que ce n’est peut-être pas encore le bon moment pour y investir, même si le potentiel intrinsèque est bien là.
À contrario, on voit que certains secteurs, comme les technologies de l’innovation, sont passés par des effets de mode, avec des valorisations qui sont montées vraiment très haut, à un point qu’une correction devenait de plus en plus probable. C’est par exemple le cas avec l’ETF ARK Innovation (ARKK), qui a désormais rendu la totalité de sa surperformance par rapport au marché américain (S&P 500) depuis la crise de mars 2020.
Les effets de mode constituent souvent un piège pour les investisseurs. En voulant investir dans les fonds qui ont connu de bonnes performances passées, ils se retrouvent souvent à investir à l’envers, en entrant sur un point haut, et en arrivant après la hausse. Chasser les performances passées n’a jamais constitué une bonne stratégie.
L’hydrogène, une thématique d’investissement encore délaissée
Certaines thématiques d’avenir sont aujourd’hui ignorées par le marché. Par exemple, l’hydrogène, qui est de plus en plus présenté comme étant l’énergie du futur.
Sauf qu’en ce qui concerne les cours de bourse, on observe le même phénomène que pour les énergies nouvelles au milieu des années 2000 : le marché n’a pas encore reconnu cette thématique d’investissement comme étant digne d’intérêt, soit pour des raisons économiques, car les entreprises liées à l’hydrogène sont encore trop peu matures (ce qui est possible), soit par effet de mode, ou les deux.
Pourtant, il s’agit d’une thématique à très fort potentiel, puisqu’on parle de l’énergie de demain. Pourtant, tant que le marché ne l’aura pas reconnu comme étant digne d’intérêt, les cours ne décolleront pas.
C’est pour cette raison que la prudence reste de mise avec l’investissement thématique : on ne sait jamais quand une thématique sera à mode, ni quand elle ne le sera plus. On peut ainsi se retrouver à investir à contre-courant du marché.
Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas investir dans des thèmes particuliers, mais qu’ils devraient plutôt servir à pimenter un portefeuille, par petites doses, si vous avez des convictions. Les thématiques ont donc parfaitement leur place au sein d’un portefeuille bien diversifié, mais soyez prudents à ne pas leur donner trop d’importance.
Beaucoup d’investisseurs ont peur de commencer à investir trop tard, de manquer le train des tendances haussières et d’arriver lorsque les cours plongent. Finalement, il peut être tout aussi dangereux d’arriver trop tôt, en ciblant une thématique en tendance dans l’économie réelle, mais qui pourrait mettre des années à se répercuter sur les valorisations boursières. Le prix à payer serait alors de risquer de sous-performer le reste du marché pendant des années.
Publié initialement sur Contrepoints.