« Le monde entier est fou. Les actions vont chuter de 30 %, puis remonter de 20 %, et chuter à nouveau de 30 % – tel sera le scénario. Et ceux qui ne peuvent pas vivre avec ça ne devraient pas acheter d’actions du tout ».
Ce sont les mots du célèbre gourou de l’investissement Marc Faber, l’auteur du rapport Gloom Boom & Doom.
À voir la façon dont les marchés boursiers réagissent ces jours-ci, il semble bien que le monde soit devenu fou.
Mais comme le dit Faber, si vous ne pouvez pas vivre avec l’incertitude et la volatilité actuelles des marchés boursiers, vous ne devriez pas acheter d’actions du tout.
La question qui se pose maintenant est la suivante : comment vivre avec autant d’incertitude et de volatilité tout en gardant son sang-froid ?
La réponse réside dans la façon dont vous gérez vos émotions lorsque vous investissez (et restez investi) sur les marchés boursiers.
Dans l’article précédent, nous avons expliqué comment les personnes dotées d’une intelligence financière se sont si mal débrouillées en tant qu’investisseurs par le passé. Nous avons parlé de l’ascension et de la chute vertigineuse de LTCM.
Prenons un autre exemple, cette fois-ci, pour montrer que l »‘intelligence globale » ne suffit pas à faire de vous un investisseur prospère.
Avez-vous entendu parler de Mensa ?
Mensa est une société qui limite ses membres aux personnes dont le QI (quotient intellectuel) se situe dans les 2% supérieurs de la population.
La seule condition pour devenir membre de Mensa est d’avoir un QI égal ou supérieur au 98e percentile (en termes simples, vous devez être « super intelligent » pour être admissible). Mensa compte actuellement plus de 110 000 membres dans 100 pays.
Jusqu’ici, tout va bien ! Mensa est une organisation estimée, et vous voudriez certainement en faire partie.
Maintenant, tenez-vous bien. Il s’avère que Mensa a un club d’investissement. Etant donné le haut niveau d’intelligence de ses membres, on peut supposer que ce club d’investissement a eu pour habitude de battre les marchés dans le passé, non ? Après tout, il s’agit des personnes les plus intelligentes du monde qui prennent des décisions d’investissement.
Eh bien, ne tirez pas de conclusions si vite ! Au cours de la période de 15 ans comprise entre 1986 et 2001 (pour laquelle les données sont disponibles), les marchés boursiers américains (S&P 500) ont généré des rendements annuels moyens de 15,3 %. Par rapport à cela, combien les investissements de Mensa ont-ils rapporté ?
Seulement 2,5% par an !
C’est 84% de moins que l’indice… et même pire que le pire des fonds communs de placement qui a dû opéré pendant cette période.
Voilà pour « l’intelligence » super normale des membres de Mensa !
Voici ce que Warren Buffett a à dire sur le QI et l’investissement :
L’investissement n’est pas un jeu où le gars au QI de 160 bat le gars au QI de 130….Ce qu’il faut, c’est un cadre intellectuel solide pour prendre des décisions et la capacité d’empêcher les émotions de corroder ce cadre.
Warren Buffett
Ce n’est pas le QI, mais le QE qui compte le plus dans l’investissement
Oui, pour réussir à investir, il faut avoir la bonne dose de QE, ou « quotient émotionnel » (la mesure de l’intelligence émotionnelle d’une personne).
C’est ce que Daniel Goleman, l’auteur de Emotional Intelligence, promeut depuis les années 1990 : le succès est plus étroitement lié à l’intelligence émotionnelle qu’à l’éducation ou aux connaissances.
Comme il l’écrit dans son livre :
« Comme nous le savons tous par expérience, lorsqu’il s’agit de façonner nos décisions et nos actions, les sentiments comptent tout autant – et souvent plus – que la pensée… Les passions l’emportent sans cesse sur la raison. »
Daniel Goleman
Goleman affirme que les deux aspects clés de l’intelligence émotionnelle sont :
- Le contrôle des impulsions
- La persévérance
Ce sont exactement les deux qualités qui vous empêcheront d’abandonner votre stratégie d’investissement dans la panique.
Un comportement rationnel n’est pas à l’origine des variations spectaculaires à court terme des cours boursiers, comme c’est le cas actuellement.
C’est la peur et l’avidité, purement et simplement.
En ce qui concerne l’incertitude et la volatilité actuelles sur les marchés boursiers, nous n’en sommes qu’au début.
En tant que telle, cette situation est susceptible de durer un certain temps.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous en tant qu’investisseur ?
Cela signifie que pour garder la tête froide lorsque ceux autour de vous perdent la leur, vous devez utiliser votre QE et non votre QI.
Comment devenir émotionnellement intelligent ?
Voici trois façons d’utiliser votre intelligence émotionnelle lorsque vous investissez sur les marchés boursiers :
1. Ayez des attentes réalistes
Le marché boursier est un endroit où l’on s’attend à ce que les arbres poussent jusqu’au ciel. Cependant, vous devez résister à la tentation (surtout pendant un marché haussier) de penser de cette façon. De même, pendant les périodes de panique comme celle que nous vivons actuellement, évitez de vous attendre à la fin du monde et à la fermeture des marchés. Les choses se normalisent toujours. Cela prend seulement du temps.
2. Résistez à l’envie de « faire quelque chose »
C’est une chose d’avoir peur du marché. C’en est une autre de laisser cette peur anéantir vos plans d’investissement bien ficelés. Résistez à la tentation de « faire quelque chose ». Résistez à l’envie d’appuyer sur le bouton de panique. Votre impatience peut s’avérer être un plus grand désastre pour votre portefeuille que n’importe quelle crise boursière.
3. Automatisez vos investissements
Si vous n’en êtes qu’au début de votre parcours d’investisseur et qu’il vous reste de nombreuses années pour accumuler de la richesse, utilisez une discipline comme les achats périodiques à sommes fixes (Dollar Cost Averaging), c’est-à-dire investissez un montant constant à intervalles réguliers, pour profiter de la volatilité occasionnelle du marché. Un virement mensuel systématique dans un bon fonds commun de placement peut vous y aider.
Nous sommes des êtres humains et ne pouvons donc pas nous protéger contre les poussées émotionnelles occasionnelles. Mais il est certain que si vous laissez ces émotions contrôler vos décisions d’investissement, vous n’aurez que des regrets.
Utilisez donc votre intelligence émotionnelle lorsque vous investissez sur les marchés boursiers.
Ne paniquez pas. Prenez simplement un calmant.
Initialement publié par l’investisseur prospère (Safal Niveshak).