Tandis que les gouvernements font leur possible pour que l’économie reparte au plus vite en adoptant des plans de relances, certains secteurs affichent une pleine forme. C’est le cas des GAFAM, qui exercent leur domination sur le monde.
Parmi les entreprises les moins touchées par la crise, se trouvent les entreprises technologiques, et les fameuses GAFAM, qui ont profité de l’accélération de la digitalisation de l’économie pendant la crise.
Leurs chiffres d’affaires sont tous en hausse pour 2020 (+34 % pour Amazon au premier semestre), entrainant dans leur sillage leur valorisation boursière : Amazon +65 %, Apple +48 % depuis début janvier.
Durant la bulle Internet de la fin des années 90, les géants d’alors (Microsoft, déjà dans le peloton de tête, General Electric, Cisco, Intel et Walmart) représentaient 18 % du marché américain. Aujourd’hui, les GAFAM représentent près de 25 % du marché.
Petite parenthèse, il est intéressant de noter qu’Amazon, Apple et Microsoft ont chacune une valorisation boursière très proche de celle de l’ensemble du CAC 40. Cela en dit long sur le niveau de (sur)valorisation du marché américain par rapport au marché européen, entre autres.
Mais ce niveau de concentration dans quelques entreprises veut-il dire qu’une bulle est sur le point d’éclater ?
Pas forcément, car lorsqu’on regarde le PER (le ratio du cours des actions comparés à leurs bénéfices), les GAFAM ont un PER d’environ 34 (sauf Amazon), contre 47 en moyenne pour les 5 géants en l’an 2000. Autrement dit, les GAFAM sont chères, il faut le reconnaître, mais on a vu pire.
Si la forte hausse du Nasdaq (l’indice des valeurs technos) depuis 4 ans (+32 % en 2017, +40 % en 2019, +26 % en 2020) a fait le bonheur des investisseurs qui, comme moi, aiment suivre les tendances haussières, on est cependant encore loin de la hausse démesurée des années 90 (+1000 % en 10 ans !), qui s’était d’ailleurs très mal terminée (chute de -80 % lors de l’explosion de la bulle Internet).
Maintenant, il y a deux pièges dans lesquels on pourrait tomber dans la situation actuelle. Le premier piège serait de croire que toute croissance se situerait désormais forcément aux États-Unis, et plus précisément dans la technologie (et que les autres pays ou secteurs ne valent plus rien).
L’investisseur lambda a tendance à investir sur ce qui a fortement progressé récemment. Mais historiquement, les secteurs/pays qui ont eu les meilleures performances récentes, finissent tôt ou tard par faire partie des moins performants. Ce sera le cas pour le Nasdaq et les GAFAM, un jour ou l’autre.
Donc si vous investissez de façon diversifiée, ne changez rien à votre stratégie (et ne misez pas tout sur les USA). Les secteurs/pays les moins performants actuellement auront leur revanche.
Un deuxième piège serait d’essayer d’anticiper le marché. Est-ce qu’il est encore temps d’investir dans les GAFAM ? Le Nasdaq va-t-il encore monter ? Ou doit-on plutôt vendre ces actions à découvert pour anticiper leur chute ?
Personne n’en sait rien, et c’est pour cela qu’une bonne stratégie d’investissement ne doit pas chercher à anticiper quoi que ce soit.
C’est assez subtil, mais observe la différence entre ces deux façons d’investir :
- L’investisseur convaincu pense : Les nouvelles techs sont le paradigme de notre société, et donc ça va continuer de monter, c’est certain. J’achète car j’ai peur de manquer la hausse à venir !
- L’investisseur structuré pense : Il y a une tendance affirmée sur le Nasdaq depuis plusieurs années, j’ai investi pour suivre cette tendance. Je resterai jusqu’à ce que la tendance s’essouffle, même si je ne sais pas quand cela arrivera.
Si ces deux investisseurs sont présents sur le Nasdaq et profitent de l’essor des GAFAM, ils n’y sont pas pour les mêmes raisons. Le convaincu fait un pari basé sur ses convictions personnelles (le paradigme des GAFAM), tandis que le structuré investi en fonction de ce qu’il constate (il y a une hausse), et non en suivant ses opinions personnelles.
Ainsi, l’investisseur convaincu aura de fortes chances de se prendre la prochaine correction du Nasdaq en pleine poire, car il restera probablement investi (dur dur de renier ses convictions). À ce moment-là, l’investisseur structuré sera déjà parti, après avoir constaté que la tendance s’est inversée.
Ce dernier aura ainsi profité d’une grande partie de la tendance, tandis que l’investisseur convaincu regardera ses pertes en étant torturé entre ses convictions et la réalité des faits (ça chute, qu’est-ce que je fais ?).
Ne tentez pas d’anticiper le marché, et évitez d’investir en suivant vos convictions. Préférez une stratégie dans laquelle vous saurez quoi faire, peu importe ce qu’il se passe. Car l’économie est cyclique, et les paradigmes sont tous temporaires.