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Les dangers de moyenner à la baisse

    Moyenner à la baisse - réduire le coût moyen

    Moyenner à la baisse consiste à acheter davantage d’actions après qu’elles aient chuté, par rapport aux prix d’achat initiaux, afin de réduire le coût d’achat moyen.

    Il s’agissait de l’un des principaux défauts de mon processus décisionnel, qui m’a causé beaucoup d’angoisse et quelques pertes au début de ma carrière d’investisseur.

    Le calcul est simple. Supposons que vous achetiez 10 actions de la société ABC pour 120 € par action. Votre investissement total est de 1 200 €. L’action tombe à 90 €, parce que le marché boursier chute, et vous achetez 10 actions supplémentaires. Votre nouvel investissement est de 900 €. Votre investissement total est de 2 100 € (1 200 + 900) et pour une détention totale de 20 actions, votre coût moyen est maintenant de 105 €. Vous avez réduit votre coût moyen.

    Ce n’est pas un problème si l’activité sous-jacente reste bonne, mais que l’action a chuté simplement parce que le marché global a pris un coup.

    Quoi qu’il en soit, ABC tombe de 90 € à 60 € parce qu’il y a une rumeur sur le marché concernant une mauvaise gestion de l’entreprise, mais vous n’en tenez pas compte. Vous achetez 10 actions supplémentaires pour un investissement total de 600 €. Votre coût total est maintenant de 2 700 €. Votre participation totale est de 30 actions. Le coût moyen de votre participation totale est de 90 €.

    Vous êtes heureux de voir votre coût d’achat moyen baisser de 120 € pour la première transaction à 90 € pour le total des trois transactions.

    L’action ne sait pas que « vous » la possédez et elle continue à baisser. Désormais à 40 €, vous achetez 10 actions supplémentaires. Le coût total de l’ensemble de votre participation de 40 actions est maintenant de 3 100 €. Donc, votre coût moyen est de 77,5 €.

    Cette réduction du coût vous excite un peu, mais vous ressentez aussi un sentiment d’abattement car vous détenez maintenant une part importante et croissante de vos investissements totaux dans cette seule action, qui est en baisse.

    Un jour, vous apprenez que la direction de l’entreprise a été impliquée dans des affaires louches et l’impact se fait sentir sur le cours de l’action. Il tombe à 20 €. Vous êtes choqué. Mais vous gardez l’espoir que la situation va s’améliorer, et vous achetez 10 actions supplémentaires. Le coût total de l’ensemble de votre portefeuille de 50 actions est maintenant de 3 300 €. Votre coût moyen tombe à 66 €.

    La réalité s’impose enfin, mais il semble que ce soit trop tard. Dans votre quête de réduction de votre coût d’achat moyen et votre refus d’accepter votre erreur de posséder une entreprise mauvaise et mal gérée, vous réalisez qu’une grande partie de votre portefeuille est investi dans cette seule action. Pire, elle est toujours en baisse de près de 70% par rapport à votre coût d’achat moyen de 66 €. Pire encore, vous devez gagner 230% sur 20 € pour simplement revenir à votre coût moyen.

    Vous regrettez vos décisions passées, mais il n’y a pas grand chose que vous puissiez faire maintenant à part regretter.

    J’ai vécu quelques situations de ce genre dans le passé, et au moment où je tape ces lignes, je me remémore ces situations exactement comme elles se sont produites il y a quelques années, et comment elles ont nui au rendement de mon portefeuille.

    La leçon que j’ai tirée à l’époque, et qui ne m’a jamais quittée, est que lorsque je dois choisir entre deux options, je ne dois tenir compte que de ce qui va se passer dans le futur, et non de ce qui s’est passé dans le passé. Le passé est terminé, perdu, disparu à jamais. Il est en grande partie sans rapport avec l’avenir.

    En matière d’investissement, l’idée de moyenner à la baisse vos coûts d’achat moyens est une idée dangereuse si vous la faites pour le seul plaisir de réduire vos coûts d’achat. Il se peut que vous réduisiez vos coûts moyens pour acheter une mauvaise entreprise ou qui soit sur le point de le devenir.

    Ne vous méprenez pas. J’adorerais acheter une entreprise formidable pour 80 €, si je l’avais d’abord achetée à 100 € ou plus, et si l’entreprise restait aussi bonne et que seul le prix de l’action avait baissé. Et je continuerai à acheter une telle action tant que mon opinion sur l’entreprise resterait la même (bonne), et tant qu’elle représente une partie raisonnable de mon portefeuille total. Mais moyenner à la baisse pour une mauvaise entreprise en regardant simplement son cours chuter n’est pas quelque chose que je ferais, à cause des dangers que cela comporte.

    L’erreur consistant à réduire le coût d’achat moyen d’une mauvaise action est très liée au biais des coûts irrécupérables. En ce qui concerne les prises de décisions économiques, les coûts irrécupérables sont considérés comme révolus et ne sont pas pris en compte lorsqu’il s’agit de décider de la poursuite d’un projet d’investissement face à l’évolution d’une situation réelle.

    Des royaumes ont été perdus et des entreprises ont échoué simplement parce qu’elles voulaient rester dans le passé et ne pas s’adapter aux réalités changeantes.

    Prenons un exemple. Vous êtes propriétaire d’un restaurant. Vous avez dépensé beaucoup d’argent et de temps pour le construire brique par brique au cours des cinq dernières années. Mais il n’a pas fonctionné aussi bien que vous l’aviez initialement prévu. Et maintenant, de nouveaux restaurants soutenus par de plus grandes marques ouvrent dans les environs, et ils se portent tous bien.

    Vous envisagez d’investir encore pour aménager l’intérieur de votre restaurant, mais vous savez que cela n’aura pas beaucoup d’importance en raison de la concurrence croissante. Vous savez aussi que le secteur de la restauration a un taux d’échec élevé. Que feriez-vous ?

    Les sommes que vous avez dépensées pour construire ce restaurant au cours des cinq dernières années ont-elles de l’importance ? Le coût que vous avez payé pour le terrain et le bâtiment, l’équipement de cuisine, la publicité et l’image de marque, les salaires des employés, etc. Non, aucun.

    Ce qui compte vraiment, c’est votre vision de votre restaurant dans cinq ans. Même si vous ne pouvez entrevoir que l’année prochaine. Votre nouvel investissement dépendra entièrement de cela. Non pas d’où vient votre restaurant, mais où il va.

    Investir dans des actions est similaire. Votre thèse initiale n’a pas d’importance si la réalité du terrain a changé. Votre coût d’achat initial n’a pas d’importance non plus. Que vous ayez fait fois 5 sur l’action, ou qu’elle ait baissé de 50 % par rapport à votre prix d’achat initial, rien de tout cela n’a d’importance. Tout ce qui compte, c’est la situation actuelle de l’entreprise et votre évaluation de son avenir dans les cinq, dix ou vingt prochaines années.

    Ce qui est passé est passé. Ce qui est important est ce qui est à venir.

    Les coûts que vous avez engagés dans le passé – en termes d’argent, de temps et d’efforts – sont perdus. N’investissez pas davantage d’argent, de temps et d’efforts dans une aventure qui risque d’échouer. Vous risquez de vous retrouver avec un investissement superflu qui vous causera plus de problèmes rien qu’en le possédant.

    Réfléchissez bien, acceptez vos erreurs, ignorez les coûts irrécupérables, réduisez vos pertes et allez de l’avant.

    C’est aussi de cette façon que la vie progresse.

    Initialement publié par Safal Niveshak (investisseur prospère).